Ma belle histoire
Meine schöne Geschichte

Chacun a dans sa vie un jour qui compte double, un jour à partir duquel plus rien ne sera comme avant… avec plus ou moins de tumulte, toutefois !

Pour moi, ce fut un jour de mars 1997, à deux mois de mes 53 ans.

Jusqu’à cette journée mémorable, je suis Hélène, une mère de famille qui s’applique à faire de son mieux.

Mon signe particulier ; je ne sais rien de mon père.
C’est ma mère – Lucette – qui a pourvu au rôle de chef de famille. Aujourd’hui on dirait que je viens d’une famille monoparentale.

Aux questions sur mes origines qui me taraudent, surtout aux importantes étapes de ma vie, à la naissance de mes trois filles, par exemple, Lucette oppose un silence obstiné empreint de gêne et de chagrin. Je respecte et me tais.

Paris 1945

Paris 1945
Lucette et son enfant, elle a 21 ans
Lucette und ihr Baby, Sie ist 21 Jahre alt.

Jeder hat in seinem Leben einen Tag, der doppelt zählt, einen Tag, ab dem nichts mehr wie vorher sein wird… gespickt von unerwarteten Wendungen und überraschenden Momenten, allerdings!
Für mich war es ein Tag im März 1997, zwei Monate vor meinem 53. Geburtstag.
Bis zu diesem denkwürdigen Tag war ich bin Hélène, eine Mutter, die sich bemüht, ihr Bestes zu geben.

Mein Markenzeichen: Ich weiß nichts über meinen Vater.
Es war meine Mutter – Lucette – die die Rolle des Familienoberhaupts übernommen hat. Heute würde man sagen, ich komme aus einer alleinerziehenden Familie.

Auf die Fragen zu meinen Ursprüngen, die mich besonders zu wichtigen Momenten meines Lebens quälten, wie zum Beispiel bei der Geburt meiner drei Töchter, reagierte Lucette mit beharrlichem Schweigen, das von Verlegenheit und Traurigkeit geprägt war. Ich respektiere das und schweige ebenfalls.

Au soir de ce jour donc, elle me téléphone et m’annonce qu’elle est hospitalisée. Elle me demande de venir auprès d’elle. Je prends le premier train.

Seule, elle passe sa retraite en Charente-Maritime, berceau de sa famille. Nous l’y rejoignons aux vacances. Nous habitons le Nord pour les nécessités de carrière de mon mari.

Am Abend dieses Tages ruft sie mich an und teilt mir mit, dass sie ins Krankenhaus eingeliefert worden sei. Sie bittet mich, zu ihr zu kommen. Ich nehme den ersten Zug.

Als Alleinstehende verbringt sie ihren Ruhestand in der Charente-Maritime, der Wiege ihrer Familie. In den Ferien sind wir immer bei ihr. Wir leben in Nordfrankreich aufgrund der beruflichen Verpflichtungen meines Mannes.

 

L’urgence de son hospitalisation a fait qu’elle n’a pas présenté ses documents d’assurée sociale, elle compte sur moi pour régler les formalités administratives :

„… tu verras, c’est dans le tiroir ! …
Oui, les documents sont là.“

Quelque chose d’autre dans le fond attire mon regard.

Un vieux portefeuille, racorni, raplati, vide en apparence. La curiosité qui m’a poussée à l’ouvrir dans le crissement des compartiments décollés m’étonne encore.

Dans un coin du portefeuille est quelque chose comme du papier tellement plié, replié, tellement jauni et fragile.

C’est une demi lettre presque illisible. L’encre a fusé.

Pourquoi m’obstiner à déchiffrer l’écriture ? Je ne saurai jamais !

Elle est écrite à Sarrebruck en juillet 1948. Elle est adressée à Jean-Paul, le frère cadet de maman.

Sie musste so unerwartet schnell ins Krankenhaus eingeliefert werden, dass sie ihre Versicherungskarte nicht dabei hatte, und vertraute nun darauf, dass ich mich um ihre Einweisung kümmerte:

– … du wirst sehen, sie ist in der Schublade!
… Ja, die Versicherungsunterlagen sind da.“

Aber etwas anderes ganz hinten in der Schublade zieht meine Aufmerksamkeit auf sich. Ein alter, abgegriffener Geldbeutel, zusammengequetscht, flach, scheinbar leer. Die Neugier, die mich dazu trieb, ihn zu öffnen, und das Knirschen der sich loslösenden Fächer, erstaunt mich noch immer.

In einer Ecke des Portemonnaies ist etwas, wie Papier, das so stark gefaltet, zerknittert, so vergilbt und zerbrechlich ist.

Es ist ein halber, fast unleserlicher Brief. Die Tinte ist verschwommen.
Warum will ich die Schrift unbedingt entziffern? Ich werde es nie erfahren!

Er wurde im Juli 1948 in Saarbrücken geschrieben. Es war an Jean-Paul, den jüngeren Bruder meiner Mutter, gerichtet.

Sarrebruck, le 26.7.48

Mon cher Jean Paul !

Lucette m’a informé de ton retour d’Indochine et je m’empresse de te féliciter vivement de cet événement. Ta chance ne t’avait donc pas abandonné. Même si les résultats obtenus aujourd’hui ne sont pas à la hauteur des efforts militaires et financiers consentis, ce n’est certainement pas la faute des soldats…

J’espère que tout le monde va bien à Rochefort et que la maladie de ton père ne s’est pas aggravée ! En ce qui nous concerne, Lucette et moi, notre projet d’avenir a été soudainement interrompu. La raison en est que je suis entré en conflit avec les services soviétiques, ce qui a entraîné une succession de voyages et d’expériences extraordinaires. Néanmoins, les événements de Berlin ont mis un terme à l’activité du NKVD. Je m’en suis plutôt bien sorti et, après une période de repos, je vais enfin pouvoir m’occuper de Lucette et d’Hélène.

Ici, en Sarre, la vie est assez difficile : tout dépend chez nous de l’industrie lourde. Cependant, l’aciérie de notre ville ne redémarre que lentement.

La pluie a enfin cessé et depuis deux jours, il fait 35/37 degrés chez nous. Il était enfin temps !

Je m’arrête là pour aujourd’hui et vous envoie à tous mes salutations les plus cordiales.

Fredy

SSaarbrücken, den 26.7.48

Mein lieber Jean Paul!

Lucette hat mich über deine Rückkehr aus Indochina informiert und ich beeile mich, Dir lebhaft über dieses Ereignis zu gratulieren. Dein Glück hatte dich also nicht im Stich gelassen. Auch wenn die heutzutage erhaltenen Ergebnisse nicht den militärischen und finanziellen geleisteten Anstrengungen entsprechen, das kann gewiss nicht die Schuld der Soldaten sein…

Hoffentlich geht es Allen in Rochefort gut und ich hoffe, dass die Krankheit deines Vaters sicht nicht verschlimmert hat! Was mich und Lucette betrifft, wurde unser. Zukunftsprojekt plötzlich unterbrochen. Der Grund dafür ist, dass ich mit den sowjetischen Diensten in Konflikt geraten bin, was eine Folge von außerordentlichen Fahrten und Erlebnissen bewirkt hat. Dennoch haben die Berliner Ereignisse der Aktivität des NKWD ein Ende gesetzt. Ich bin ziemlich gut damit fertig geworden und, nach einer Ruhezeit werde ich mich endlich um Lucette und Hélène kümmern können.

Hier im Saarland ist das leben ziemlich schwierig: alles hängt bei uns von der Schwerindustrie ab. Jedoch fängt das Stahlwerk unserer Stadt nur langsam wiederzufunktionieren an.

Es hat endlich mit dem Regen aufgehört und seit zwei Tagen gibt es eine Temperatur von 35/37 Grad hier bei uns. Es war endlich Zeit!

Ich mache Schluss für Heute und sende Euch Allen meine herzlichsten Grüsse.

Fredy

Je poursuis jusqu’aux mots clés : « projet d’avenir avec Lucette », les raisons d’une interruption involontaire, et au dos « je pourrai enfin m’occuper de Lucette et d’Hélène ».

Les cheveux qui se dressent sur la tête, le sang qui se fige, une vague énorme qui m’inonde, ça ne peut être que lui, c’est mon père !

Il est allemand, et alors !

C’est mon père ! Il a écrit de sa main en français, un français de qualité, au subjonctif… il n’est ni un prince, ni une utopie !

Maman ne peut plus faire autrement que tout me dire maintenant. Quelle tristesse d’avoir été privées de cet homme soucieux de nous deux en 1948, quelle tristesse de s’être sentie coupable parce que fille-mère qui a ‚fricoté‘ avec l’ennemi.

Moi, je m’accroche à ce que je sens au fond de moi, mon père et ma mère se sont aimés et je suis le fruit de leur amour.

L’évidence s’impose, leur histoire finit mal à cause de la guerre.

Ich lese weiter und stoße auf die Schlüsselsätze: „Zukunftspläne mit Lucette“, die Gründe für eine unfreiwillige Trennung und auf der Rückseite: „Ich werde mich endlich um Lucette und Hélène kümmern können.“

Die Haare sträuben sich auf meinem Kopf, das Blut erstarrt, eine riesige Welle überflutet mich – es kann nur er sein, es ist mein Vater!

Er ist Deutscher, na und!

Es ist mein Vater! Er hat in gutem Französisch geschrieben, im Subjonctif… er ist weder ein Prinz noch eine Utopie!

Mutter bleibt jetzt nichts mehr anderes übrig als mir alles zu erzählen. Wie traurig, diesen Mann, der sich 1948 um uns beide gesorgt hat, nie kennengelernt zu haben. Wie traurig, sich schuldig gefühlt zu haben, weil sie eine Teenagermutter war, die mit dem Feind „rumgemacht“ hatte.

Ich klammere mich an das, was ich tief in mir fühle: Mein Vater und meine Mutter haben sich geliebt, und ich bin die Frucht ihrer Liebe.

Eins ist mir klar: Ihre Beziehung geht in die Brüche wegen des Krieges.

Maman ne va pas bien. La maladie ne la lâchera plus. Durant un mois, je reste auprès d’elle sans oser lui parler de ma découverte dans le tiroir, je suis à la torture.

Puis, avec des hauts, des bas, vient un temps de rémission.

Enfin nous parlons. Elle me dit l’être aimant et chaleureux qu’il était. Dans les temps de la Libération, il a disparu. Elle était seule dans Paris avec son bébé, elle pleurait.

Je grandissais, elle trouvait que je lui ressemblais de plus en plus… que n’avais-je entendu ces mots plus tôt, quand adolescente je cherchais mon modèle.

Elle me dit : « … comprends-moi ! ... ». Je pouvais lui rendre la politesse !

Elle m’a indiqué son nom. Le Fredy qui signe la lettre est Friedrich Strohm.

Il n’existe aucun mot porteur de l’intensité de mes émotions d’alors.

 

Mutter geht es nicht gut. Die Krankheit wird sie nie mehr loslassen. Einen Monat lang bleibe ich an ihrer Seite, ohne sie auf meine Entdeckung in der Schublade anzusprechen – es quält mich unendlich.

Dann, nach Höhen und Tiefen, trat eine Remission ein. Endlich sprechen wir uns aus. Sie erzählt mir, wie liebevoll und warm er gewesen war. Bei der Befreiung Frankreichs verschwindet er. Sie war allein in Paris mit ihrem Baby, sie weinte.

Ich wuchs heran, und sie fand, dass ich immer mehr wie er aussah… warum hatte ich diese Worte nicht früher gehört, als ich als Jugendliche nach einem Vorbild suchte?

Sie sagte: „… Versteh mich! …“ Genau das habe ich ihr auch gesagt!
Sie nannte mir seinen Namen. Der Fredy, der den Brief unterschrieb, war Friedrich Strohm.

Es gibt keine Worte, die die unvorstellbare Wucht meiner damaligen Gefühle beschreiben könnten.

Nous sommes en mai, …

… maman poursuit sa convalescence. Nous pensons aux vacances, à la plage où nous retrouverons nos amis. Justement, ils sont allemands, de Münster, Marie-Luise, Dieter et leurs deux enfants. Nos ados en jouant nous ont rapprochés. Marie-Luise a étudié le Français et aime le parler avec moi.

Tout naturellement, je lui écris et lui raconte mon histoire toute fraîche. L’idée me vient de lui demander conseil sur la façon de procéder pour entamer des recherches concernant une tombe au nom de Strohm dans le cimetière de Sarrebruck et ses environs.

Es ist Mai, …

… und Mama setzte ihre Genesung fort. Wir denken an den Urlaub, an den Strand, wo wir unsere Freunde wiedersehen würden. Es sind Deutsche aus Münster, Marie-Luise, Dieter und ihre beiden Kinder. Unsere Teenager spielten zusammen und wir hatten uns befreundet. Marie-Luise hat Französisch studiert und spricht es gerne mit mir.
Natürlich schreibe ich ihr und erzähle ihr, was ich in Erfahrung gebracht hatte. Es kommt mir die Idee, sie um Rat zu fragen, wie ich mit der Suche nach einem Grab mit dem Namen Strohm auf dem Friedhof in Saarbrücken und Umgebung beginnen könnte.

Münster, le 17 mai 97

Chère Hélène

J’ai reçu ta lettre et j’en suis très ému. Je veux te donner une réponse rapide pour que tu saches que je veux entreprendre des recherches immédiatement. Tu peux compter sur moi pour t’aider dans tes recherches pour retrouver ta famille allemande.
Quelle période terrible pour ta mère ! Je peux sans doute la comprendre.

Marie Luise

(également à Friedrich W. Strohm Zweibrücken,
le 22 mai 1997)

Chère Hélène

Je viens de parler avec ton père. Je suis sûre que c’est lui, même si je n’ai pas donné mon identité. J’ai inventé une histoire.
C’est lui qui était à Paris en 1943 et qui aime toujours la France.
Il est toujours vivant et a maintenant 88 ans. Il est en bonne santé. L’année dernière, il est devenu veuf. Son fils habite près de chez lui, à Zweibrücken. Tu peux voir son adresse (à Neunkirchen).
Je lui ai dit que je le rappellerais si la « personne française » voulait avoir une relation. Il m’a demandé de transmettre ses meilleures salutations à celui (celle) qui pense encore à lui (elle).

C’est donc à TOI, Hélène, de décider si tu veux te faire connaître ou si tu as besoin de mon aide pour avoir des renseignements complémentaires.
J’ai vraiment envie de t’aider ! Je veux entreprendre tout ce que tu veux. Jamais je n’aurais cru qu’il aurait été aussi facile de chercher et de trouver quelqu’un après une si longue période. Seul le fait qu’il soit encore en vie et qu’il n’ait pas quitté sa ville a facilité mes recherches.

Je t’enverrai les dernières nouvelles dès que tu auras répondu, pour que tu ne restes pas longtemps dans l’incertitude.

Je t’embrasse bien fort

Marie Luise

Münster, den 17. mai 97

Liebe Hélène

Ich habe deinen Brief bekommen und bin davon sehr gerührt. Ich will Dir schnell eine Antwort geben, damit du weißt, dass ich sofort Erforschungen unternehmen will. Du kannst dich darauf verlassen, dass ich Dir in deiner Suche nach deiner deutschen Familie helfen werde.
Was für eine schreckliche Zeit für deine Mutter! Ich kann sie wohl verstehen.

Marie Luise

(auch an Friedrich W. Strohm Zweibrücken,
den 22. Mai 1997)

Liebe Hélène

Ich habe gerade mit deinem Vater gesprochen. Ich bin sicher, dass er es ist, obwohl ich meine Identität nicht gegeben habe. Ich habe eine Geschichte erfunden..
Er war es, der 1943 in Paris war und der Frankreich noch liebt.
Er lebt noch und ist nun 88 Jahre alt. Er ist gesund. Letztes Jahr ist er verwitwet geworden. Sein Sohn wohnt ihm nahe, in Zweibrücken. Du kannst seine Adresse (in Neunkirchen) sehen
Ich habe ihm gesagt, dass ich ihn noch einmal anrufen werde, wenn die französische Person“ eine Beziehung haben will. Er hat mich darum gebeten, demjenigen (derjenigen), der (die) noch immer an ihn denkt, seine besten Grüsse mitzuteilen.

DU musst also, Hélène, selbst entscheiden, ob du dich kennen lassen will oder wenn du meine Hilfe brauchst, um weitere Auskünfte zu haben.
Ich habe wirklich Lust, Dir zu helfen! Ich will alles unternehmen, was du willst. Nie habe ich geglaubt, es wäre so einfach gewesen, Jemanden zu suchen und zu finden, nach einer so langen Zeitspanne. Nur die Tatsache, dass er noch lebt und, dass er seine Stadt nicht verlassen hat, hat mir meine Suche erleichtert.

Ich sende Dir dann die neuesten Nachrichten, sofort nach deiner Antwort, damit du nicht lange noch in Ungewissheit bleibst.

Ich küsse Dich ganz herzlich

Marie Luise

Bouleversée à son tour, elle me répond qu’en consultant l’annuaire du téléphone tout simplement, elle a échangé avec un vieux monsieur, et si c’était ton père… ?  Trop émue, elle a raccroché brutalement.  Si c’est Lui, es-tu décidée à le connaître ? (au risque d’apprendre d’autres horreurs de guerre qui s’ajouteront à celles déjà connues depuis la publication du Journal d’Anne Frank dans mes temps d’adolescence et de grande ignorance, et si mon père était un « grand criminel de guerre » ?)

Je suis transie de peur mais déterminée à aller au bout de MA vérité. C’est vital.

Elle le rappelle, posément cette fois.

… « pas un instant il n’a pensé à me renier :
il a dit ‚oui‘, Hélène, c’est ma fille ! 
»

Et me voilà propulsée vers le haut, je plane.
Alors que je craignais l’enfer.

Dès lors, une visite est organisée et aux premiers jours d’automne 1997, on se rencontre dans le Jardin des Roses de Zweibrücken, la ville où habite mon demi-frère de onze ans de moins que moi.

Je sais que mon père est âgé, abîmé de blessures de guerre. Je crains de voir un homme diminué.

Mais non.

Völlig erschüttert antwortet sie, dass sie einfach im Telefonbuch nachgeschaut und mit einem alten Mann gesprochen hatte. War es vielleicht dein Vater? Zu sehr ergriffen, legte sie plötzlich auf. Wenn es er ist, bist du bereit, ihn kennenzulernen? (Auf die Gefahr hin, noch mehr Kriegsgräuel zu erfahren, die zu den bereits bekannten, seit der Veröffentlichung von Anne Franks Tagebuch aus meiner Jugend und großer Unwissenheit, hinzukommen könnten, und wenn mein Vater ein „großer Kriegsverbrecher“ war?).
Ich habe schreckliche Angst, bin aber fest entschlossen, MEINE Wahrheit herauszufinden. Es ist lebensnotwendig.

Sie ruft ihn wieder an, diesmal ganz ruhig.

„Nicht einen Moment hat er daran gedacht, mich zu verleugnen:
Er sagte ‚Ja‘, Hélène ist meine Tochter!

Und plötzlich fühlte ich mich, als ob ich abhebe, ich schwebe wie auf Engelsschwingen. Während ich doch die Hölle befürchtet hatte.

So wird ein Besuch organisiert, und im Herbst 1997 treffen wir uns im Rosengarten von Zweibrücken, der Stadt, in der mein Halbbruder, der elf Jahre jünger als ich ist, lebt.

Ich weiß, dass mein Vater alt ist, von Kriegsverletzungen gezeichnet. Ich befürchte, einen gebrechlichen Mann zu sehen.

Aber nein.

Il se tenait debout… et m’a serrée dans ses bras …

Er stand aufrecht, …und umarmte mich ….

Il se tenait debout, m’a laissée venir à lui et m’a serrée dans ses bras, indicible bonheur.

Quelques instants plus tard, attablés devant un Kaffe Kuchen, nous avons appelé maman au téléphone, ils se sont parlé.

Je tiens à préciser que jusqu’à la veille de mon départ pour l’Allemagne, je n’avais rien dit à ma mère de mes recherches.
Silence pour Silence !

Cette démarche ne concernait que moi, j’allais au-devant de mes origines.

Plus tard, au cours du dîner, il a évoqué un zézaiement de quand j’étais petite. Il n’avait pas oublié.

Le lendemain, il nous invitait chez lui à Neunkirchen. Il avait préparé des photos de famille illustrant la saga des Strohm, mes ancêtres, émigrés suisses du 19ème siècle, qui ont fondé une usine métallurgique dans la ville.

Friedrich (der Sohn) wartet auf uns auf einem Autobahnrastplatz, un uns „unserem Vater“ zu führen

Friedrich (le fils) nous attend sur une aire d’autoroute pour nous mener à « notre père ».

Septembre 1997 September
Septembre 1997 September

Marie Luise und Dieter haben mich bis zu unserem treffen in Zweibrücken begleitet.

Marie-Luise et Dieter m’ont accompagné jusqu’à notre rencontre à Zweibrücken.

Er stand aufrecht, ließ mich zu ihm kommen und umarmte mich – unbeschreibliches Glück.

Einige Augenblicke später, beim Kaffeetrinken, riefen wir Mama an, sie sprachen miteinander.

Ich möchte betonen, dass ich bis zur Abreise nach Deutschland meiner Mutter nichts von meinen Recherchen erzählt hatte.
Schweigen für Schweigen!

Dieser Schritt betraf nur mich, ich ergründete meine Herkunft.

Später, beim Abendessen, sprach er von einem Stottern, das ich als kleines Kind gehabt hatte. Er hatte es nicht vergessen.

Am nächsten Tag lud er uns zu sich nach Neunkirchen ein. Er hatte Familienfotos vorbereitet, die die Saga der Strohm, meiner Vorfahren, zeigten, Schweizer Einwanderer des 19. Jahrhunderts, die ein Metallunternehmen in der Stadt gegründet hatten.

Il avait préparé des photos de famille illustrant la saga des Strohm.                 –                 Er hatte Familienfotos vorbereitet, die die Saga der Strohm.

Saga der Strohm.

Les circonstances présentes font que j’arrive à point dans sa vie. Je vais l’accompagner dans ses cures thermales deux fois par an. Son épouse est décédée. Il est dépendant. Et mon demi-frère est dans sa période active.

Epris de nature tous les deux, nous nous apprenons au cours de longues promenades dans les forêts de Bad Bergzabern et Bad Münster. J’aimais quand il partait dans ses souvenirs d’enfance, ses courses dans les ateliers de l’usine, son attachement aux ouvriers.

Le Paternalisme d’avant la Ière Guerre Mondiale prenait tout son sens.

A l’école, en Sarre, tout était bilingue. Sur les philosophes et les révolutions, il était imbattable.

Juste avant de prendre le train du retour, il m’a dit doucement : « tu sais, je n’ai jamais été Nazi ! ». 

Et nous avons fixé une prochaine rencontre, avec maman, cette fois.

Instant émouvant s’il en fût.

Sa question résonne encore à mes oreilles : « n’as-tu jamais reçu mes lettres ? »…

« quelles lettres ? »… un ami, un Lieutenant François, avait pour mission de transmettre des lettres à Lucette où Friedrich lui proposait de le rejoindre en Espagne. Ils sont tombés d’accord sur le fait qu’ils ont été trahis.

Au cours de longues promenades dans les forêts de Bad Bergzabern et Bad Münster.

Bei langen Spaziergängen in den Wäldern von Bad Bergzabern und Bad Münster.

 Hélène & Fredy
 Fredy
 Fredy  & Hélène
 Fredy

Ich trete zur rechten Zeit in sein Leben und begleite ihn zweimal im Jahr auf seinen Kuren. Seine Frau war gestorben. Er ist auf Hilfe angewiesen. Und mein Halbbruder ist noch berufstätig.
Beide naturverbunden, lernen wir uns bei langen Spaziergängen durch die Wälder von Bad Bergzabern und Bad Münster kennen. Ich mochte es, wenn er in seinen Kindheitserinnerungen schwelgte, als er durch die Werkstätten der Fabrik rannte, seine Verbundenheit zu den Arbeitern.
Der Paternalismus vor dem Ersten Weltkrieg bekam plötzlich einen tieferen Sinn.

In der Schule im Saarland war alles zweisprachig. Er wusste alles über Philosophen und Revolutionen.

Kurz bevor ich den Zug zurücknahm, sagte er sanft: „Weißt du, ich war nie ein Nazi!“

Und wir verabredeten uns zu einem nächsten Treffen, diesmal mit Mama.

Ein unvergessliches Erlebnis!

Seine Frage hallt noch immer in meinen Ohren: „Hast du meine Briefe nie erhalten?“…

„Welche Briefe?“… Ein Freund, ein Leutnant François, hatte den Auftrag, Briefe an Lucette zu überbringen, in denen Friedrich ihr anbot, ihn nach Spanien zu begleiten. Sie erkannten, dass sie verraten worden waren.

Ils ont été heureux de se revoir

Ils ont été heureux de se revoir mais chacun est retourné chez soi. Ils ont entretenu une correspondance jusqu’à la fin. Il était bien évident que nous venions, maman et moi, sans autre prétention que celle du souvenir, pour maman – et de mon identité, pour moi.

(C’est une précision indispensable en réponse à des personnes d’outre-Rhin qui auraient pensé que ces petits Français avaient en tête la quête d’héritage, ce qui s’est vu malheureusement).

Nobody’s perfect !

Sie hatten sich gefreut, sich wiederzusehen

Sie hatten sich gefreut, sich wiederzusehen, aber jeder ging zu sich nach Hause zurück. Sie schrieben sich bis zum Ende. Mama wollte an alte Erinnerungen anknüpfen und ich wollte nur meine Identität finden. Sonst nichts!

(Dies ist eine notwendige Klarstellung für Personen jenseits des Rheins, die möglicherweise dachten, diese kleinen Franzosen seien Erbschleicher, was wir leider mitbekommen haben).

Niemand ist perfekt!

Toute ma famille a voulu connaître ce grand-père par hasard tombé du ciel. A l’occasion d’un repas partagé, mes trois gendres l’ont un peu agacé avec leurs questions incessantes sur la guerre. Avec autorité il a répondu qu’en dépit des analyses des historiens les plus éminents, personne ne pouvait se replacer dans le contexte de l’époque, ni imaginer la pression endurée par les populations, et que quoi qu’il dise, cela resterait inadapté.

Maman est morte avant lui, en 2001. Heureusement surprise par notre bonne entente elle m’a dit combien elle regrettait son si long silence.

Lui-même est mort fin 2003, à 94 ans. Je m’étonnais de son besoin de croire en une sorte d’éternité sans lien avec une quelconque religion tant il paraissait impensable qu’une vie aussi riche que la sienne s’arrête à son dernier souffle.

Lucette &  Fredy
 Fredy , Hélène & Lucette

Meine ganze Familie wollte diesen Großvater kennen lernen, der wie durch Zufall vom Himmel gefallen war. Bei einem gemeinsamen Essen nervten meine drei Schwiegersöhne ihn ein wenig mit ihren ständigen Fragen über den Krieg. Mit Autorität antwortete er, dass trotz der Analysen der angesehensten Historiker niemand sich in den Kontext der damaligen Zeit versetzen könne, noch den Druck erahnen könne, dem die Bevölkerungen ausgesetzt waren, und dass, was immer er auch sagte, es immer unangemessen bleiben würde.

Mama starb vor ihm, 2001. Sie war überrascht, wie prächtig wir uns verstanden und sagte mir, wie sehr sie ihr so langes Schweigen bereute.

Er selbst starb Ende 2003, mit 94 Jahren. Ich wunderte mich über sein Bedürfnis, an eine Art Ewigkeit zu glauben, die mit keiner Religion zu tun hatte, so unvorstellbar schien es, dass ein so reiches Leben wie seins mit seinem letzten Atemzug enden könnte.

Il faut dire que :
« Tout jeune, le baccalauréat en poche, il s’est embarqué en Algérie, pareil « aux pieds noirs » qui « partaient assainir la colonie française. Il a vécu avec les berbères, devenant spécialiste des langues arabes. »

« Au temps du Maréchal Lyautey, il a travaillé à tracer des pistes dans le désert. Il a servi sous le Maréchal Rommel dans l’Africa Corpse. Enfin, il faut associer son nom à celui de l’Amiral Canaris, son Chef direct au sein de l’ABWEHR. »

« Il est facile d’imaginer que ses connaissances du terrain, de tous les terrains, d’ailleurs, ont été utiles aux Services de Renseignements. Son nom est mentionné dans un livre sur l’espionnage pour évoquer des limites à la torture par un accord bipartite franco-allemand sous le « Gouvernement de Vichy. Lui le torturé et puis otage échangé. »

Bleibt hinzuzufügen, dass:
„Er als junger Mann mit dem Abitur in der Tasche nach Algerien ging, wie die ‚Pieds-Noirs‘, die ‚die französische Kolonie sanieren‘ wollten. Er lebte bei den Berbern und wurde Spezialist für die ‚arabischen‘ Sprachen.“

„Zur Zeit von Marschall Lyautey er daran arbeitete, Pisten in der Wüste zu kartieren. Er diente unter Marschall Rommel im Afrikakorps. Schließlich muss man seinen Namen mit dem des Admirals Canaris verbinden, seinem direkten Chef in der Abwehr.“

„Es ist leicht vorstellbar, dass sein Wissen über das Terrain – überall – den Geheimdiensten von Nutzen war. Sein Name wird in einem Buch über Spionage erwähnt, um Grenzen der Folter durch ein bilaterales Abkommen zwischen Frankreich und Deutschland während der Vichy-Regierung zu erörtern. Er war der Gequälte und später der ausgetauschte Gefangene. “

Je retrouve mes semblables,
me libérant de la honte
dont a souffert ma mère.

Ich Schicksalsgenossen finde
und mich von der Schande befreie,
unter der meine Mutter zu leiden hatte.

Paris mai 2012

Hélène reçoit sa nationalité allemande en mai 2012
Helene erhält im Mai 2012 die deutsche Staatsbürgerschaft.

Dans les années 2000, c’est par une criante évidence que la France et l’Allemagne ont reconnu leurs touts petits en leur facilitant les recherches dans leurs archives respectives.

C’est ainsi que j’ai adhéré à l’Amicale Nationale des Enfants de la Guerre, et plus dernièrement à Cœurs sans Frontières, où je retrouve mes semblables, me libérant de la honte dont a souffert ma mère.

Preuves en mains j’affirme que Friedrich Strohm, mon père allemand, modeste soldat de l’ombre, fut un exemple de courage. Et j’en suis fière. Mais un peu moins quand il faut admettre qu’il n’y a que la guerre pour façonner des héros.

Hélène Hemery/Strohm
le 5 novembre 2016 légèrement actualisé le 22 janvier 2025

In den 2000er Jahren erkannten Frankreich und Deutschland endlich uns Kinder an, indem sie die Nachforschungen in ihren jeweiligen Archiven erleichterten.

So trat ich der Nationalen Vereinigung Kriegskinder A.N.E.G. bei und vor kurzem auch dem Verein ‚Herzen ohne Grenzen‘, wo ich Schicksalsgenossen finde und mich von der Schande befreie, unter der meine Mutter zu leiden hatte.

Ich habe Beweise, die belegen, dass Friedrich Strohm, mein deutscher Vater, ein bescheidener, unauffälliger Soldat, ein Vorbild an Furchtlosigkeit war. Und ich bin stolz auf ihn. Aber ein wenig weniger stolz, wenn man eingestehen muss, dass leider nur der Krieg Helden hervorbringen kann.

Hélène Hemery/Strohm
5. November 2016 leicht aktualisiert am 22. Januar 2025